La guerre est une ruse

Frédéric Paulin

Agullo

  • Conseillé par
    10 octobre 2018

    Voilà un roman comme je les aime. Totalement ancré dans une époque historique dure et violente et dans laquelle il est parfois difficile de déterminer qui sont les bons et les méchants si tant est que l'on puisse être aussi manichéen. Les bons infiltrent les méchants et vice-versa, chacun ensuite doit donner des gages de confiance en faisant preuve de violence.

    Je ne cache pas un certain bémol venant du fait d'un nombre incalculable d'intervenants, des noms difficiles à retenir, tant dans les personnages fictifs que réels, qui m'a perturbé au moins au début du livre. Puis, le pli pris, je me suis fait happer par cette histoire. Frédéric Paulin est pointilleux, méticuleux et son roman fourmille de détails, d'événements, d'informations qui peuvent submerger le lecteur tout en permettant de se plonger totalement dans la période. Sans doute un peu long parfois, ce roman se lit néanmoins avec avidité et les personnages fictifs, Tedj Benlazar en tête ajoutent une dimension romanesque, un suspense quasi insoutenable, puisqu'on s'attache à eux et que l'on veut savoir si et comment ils se sortiront de ce nid de serpents.

    Pfff, je suis encore tout étourdi de ma lecture passionnante et étourdissante. Frédéric Paulin sait où nous mener et même si l'on connaît l'histoire des relations franco-algériennes à cette époque, ce que provoqueront les islamistes dans ces deux pays, il parvient à jouer avec nos nerfs. Sûrement bien documenté, il met en scène des personnages réels qui ont pu jouer des rôles obscurs, qui ont eu des relations douteuses. Tout cela passe par les yeux de ses créations et dans l'appellation de "roman" qui permet de s'évader un peu de la vérité, mais on sent qu'il maîtrise son sujet et que rien n'est dit ni mis dans la bouche d'un personnage par hasard.

    Magistral, ambitieux, un polar ou roman noir d'espionnage à ne pas rater qui commence pourtant paisiblement, mais ça ne durera pas :

    "Depuis la mosquée Émir-Abdelkader encore en chantier, le muezzin appelle au dhuhr, la prière de midi. Constantine s'apaise sous le soleil, les rues se vident, c'est comme si la ville reprenait son souffle. Là-bas, le Français est assis à la terrasse du petit café face à l'université Mentouri. Comme d'habitude. Il sirote un lekhchef, comme d'habitude." (p.9)


  • Conseillé par
    13 septembre 2018

    Algérie

    Merci, Monsieur Paulin, vous avez réussi à m’intéresser à l’histoire sombre de l’Algérie après l’indépendance.

    Je n’y connaissais rien, et ne souhaitais pas faire de différence entre le GIA et le FIS. J’ignorais même les noms de certains dirigeants du pays. (Ah, mon inculture crasse….).

    Mais vous, vous avez réussi à me passionner pour ce pays.

    Grâce à Benlazar j’ai suivi avec attention et découvert avec effroi les compromissions permettant les massacres de la population algérienne.

    J’étais triste du destin de Bellevue, et exaspéré par ses remplaçants.

    J’ai hâte de savoir ce que va faire Gh’zala : restera-t-elle en France, ou son désir d’Algérie sera-t-il el plus fort ?

    Et que va-t-il advenir de Fadoul que Bellevue n’a jamais épousé ?

    Et le méchant aux lunettes à monture doré parviendra-t-il à se hisser dans la hiérarchie ?

    Même si je ne connais pas la géographie de la ville d’Alger, je me suis sentie comme à la maison dans ses rues, j’ai eu peur dans la Casbah, j’ai senti le désert.

    J’ai aimé le personnage de Benlazar, ses failles, ses compromissions mais aussi ses indignations.

    Vite, la suite !

    L’image que je retiendrai :

    Celle des dates des tueries et du nombres de morts égrenés comme un chapelet.

    https://alexmotamots.fr/la-guerre-est-une-ruse-frederic-paulin/


  • Conseillé par
    9 septembre 2018

    L'espionnage à la française

    Les romans d’espionnage à la française se font rares. Raison suffisante pour qu’on ait envie d’y regarder de près quand il en arrive un. Si, en prime, l’auteur défriche un sujet méconnu, l’intérêt redouble. Et s’il développe une théorie renversante, alors on se sent prêt à le suivre au bout du monde. Frédéric Paulin ne nous entraîne pas aussi loin, juste au Maghreb. Mais l’argument de « La guerre est une ruse », dixième titre de sa bibliographie très éclectique, suffit à ferrer tout lecteur un peu curieux.

    Le livre nous ramène à une période récente, tragique, où Français et Algériens vont comprendre que leurs histoires respectives restent plus imbriquées que jamais. A l’aube des années 90, les généraux d’Alger viennent d’annuler les élections générales et répriment les islamistes qui les ont gagnées. Sur place, un agent des services français de renseignement, toléré par ses homologues locaux, découvre le jeu trouble auquel ceux-ci se livrent. Répression en façade, infiltration en sous-main.

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