Le 22 juin 1941, les troupes allemandes envahissent l’Union soviétique, rompant sans préavis le pacte germano-soviétique. “L’opération Barberousse” est, aux yeux d’Hitler, le début de la guerre d’anéantissement du “judéo-bolchevisme”. Près de cinq millions de Juifs vivent en effet sur le territoire soviétique, puisque aux trois millions de ses anciennes frontières sont venus s’ajouter les ressortissants juifs de Pologne orientale, des pays Baltes, d’une partie de la Roumanie, annexés en 1939 et en 1940. Des forces mobiles spéciales opérant à l’arrière de la Wehrmacht sont chargées d’assassiner systématiquement les cadres communistes et les Juifs. Prémices et mise en application de la Solution finale, plus de huit cent mille Juifs, qui n’ont pas été évacués à temps, adultes et enfants, parqués dans des ghettos, affamés, torturés, déportés, sont ainsi fusillés, gazés, brûlés vifs...
L’Union soviétique envahie, son armée obligée de reculer, l’heure est à l’Union sacrée, et Staline, prêt à toutes les concessions, accepte la création d’un Comité antifasciste juif (caj).
En août 1941, le comité constitutif du caj appelle les Juifs du monde entier à résister aux Allemands et à secourir l’Union soviétique. Au cours d’une tournée aux États-Unis, une délégation du caj rencontre Albert Einstein qui, en 1942, suggère de constituer Le Livre noir des atrocités commises par les Allemands sur la population juive d’URSS. La mise en œuvre en est confiée à Vassili Grossman et Ilya Ehrenbourg , deux écrivains correspondants de guerre assistés par une “brigade” d’une quarantaine de confrères.
Le livre ne paraîtra jamais, le plomb sera détruit et tous les membres du Comité antifasciste juif seront exécutés d’une balle dans la tête en 1952.
Le Livre noir raconte comment a commencé "la solution finale", l'extermination programmée des Juifs par les nazis. Un livre où les morts se mettent à parler. Une immense entreprise qui répond à l'impératif biblique toujours actuel : Zakhor ! (souviens-toi).