« Partout, on pouvait voir ces structures nouvelles, petites et grandes, larges et hautes ; des monolithes, des dômes et des sphères bâtis par Obligation, se dressant fièrement au-dessus des pâturages comme les lettres d’un texte inédit, colossal et impénétrable. » Il y a quelque temps, insidieusement, le comportement humain a changé. Des hommes et des femmes, que rien n’apparente les uns aux autres, ont commencé à déplacer des objets du quotidien vers des lieux précis, mus par un sentiment d’obligation contre lequel il semble impossible de lutter. De quelques dizaines d’individus dans un premier temps, leur nombre est passé à des milliers à travers le monde, s’activant pour répondre à cette étrange injonction dont la cause est à ce jour totalement inconnue. Si certains objets semblent parfaitement inoffensifs, tels un vieux modèle de téléphone ou bien la capsule cabossée d’une bouteille de bière, d’autres sont bien plus complexes et déroutants : la turbine d’un moteur à réaction expérimental ou le processeur d’un superordinateur. Ceux qui se sentent obligés de transporter tous ces objets ne se contentent pas, une fois arrivés à destination, de les empiler comme des ordures. Les Obligés sont en effet capables de connecter ces éléments sans rapport manifeste entre eux, comme les pièces d’un puzzle tridimensionnel. Les structures qu’ils conçoivent semblent d’ailleurs dotées d’un potentiel mécanique et technologique destiné à servir à quelque chose. Mais… à quoi donc ? Nouvelle futuriste écrite par l’écrivain britannique Adam Roberts et transcendée par les grandioses illustrations architecturales du Belge François Schuiten, « Compulsion » offre un panel de personnages hétéroclites, coincés dans d’inextricables situations, et dont les réactions créent une tension habilement construite.