Manuel H.

Conseillé par (Libraire)
17 janvier 2024

Ecrire, sans cesse

« Le Désir d'un roman sans fin » est un recueil riche et généreux de textes éparses publiés depuis 25 ans dans des revues, des journaux et des ouvrages collectifs. On y trouve de nombreuses nouvelles, des articles, des préfaces, des entretiens et des éditoriaux pour des festivals ou des quotidiens. C'est un corpus qui rend compte de l'atelier permanent qu'est l'écriture chez Nina Bouraoui. On y retrouve ses thèmes et lieux favoris, l'Algérie, la Bretagne, la Corse, son tropisme pour la photographie et l'architecture, son admiration sans borne pour Hervé Guibert mais aussi Marguerite Duras, Albert Camus et bien sûr Annie Ernaux, à laquelle elle consacre deux textes, l'un pour « Passion simple » et l'autre pour « L'occupation » et dont elle dit d'elle qu'elle « attend les livres comme un cadeau ».
Avec ce recueil qui est aussi plein de surprises, d'inattendus et d'étonnements, c'est Nina Bouraoui elle-même qui nous offre ce cadeau qui s'ouvre, il faut le dire par un article sur "Twin peaks" et David Lynch paru en 1999 dans «Les Inrockuptibles » de la belle époque de ses fondateurs !
Bref, ça a de la gueule, c'est Noël en janvier, c'est riche et passionnant, c'est tout Nina Bouraoui, Nina Bouraoui toute entière et différente à la fois. C'est une belle façon de la retrouver autrement ou de la découvrir.

20,90
Conseillé par (Libraire)
17 janvier 2024

Quelque chose toujours palpite

Le père de Nina Bouraoui entre dans un centre de soins palliatifs en mai 2022 où il mourra quelques jours plus tard.
Nina Bouraoui fait le récit de ces derniers jours, de ces derniers soins, de ces derniers moments partagés sans omettre le besoin et la nécessité aussi de les fuir un peu par moment. Elle en fait surgir toutes les émotions mais aussi les souvenirs qu'elle convoque depuis l'enfance en Algérie jusqu'aux plus récents à Paris, dressant par là le portrait vivant de son père, écrivant ainsi une vie car au bord de la mort quelque chose toujours palpite. Une palpitation qui se fait écriture.
Au-delà, Nina Bouraoui creuse ce que la mort de son père fait résonner en elle, comment elle la conduit aussi à accepter la sienne à venir un jour. Elle interroge ce que devient la vie après, ce basculement de la vie « sans », la vie sans ce père, cette transformation que provoque l'absence. Tout cela, écrit en douceur avec un regard sans oeillères.

Conseillé par (Libraire)
17 janvier 2024

Une périlleuse aventure

Conteur au rythme endiablé et à la langue virevoltante, Manthia fait entendre sa voix pimentée d'expressions savoureuses et d'images colorées. Le jeune homme nous raconte sa périlleuse aventure en compagnie de son ami Toko, poussés dans les années 90 à quitter leur village rural malien pour la capitale Bamako puis à migrer en France.
Alliant la créativité de l'écrit à la vivacité de l'oral, Diadié Dembélé enchante avec un roman à la langue vivace, drôle et inventive dont l'explosivité poétique enrichit la langue française d'un joyeux pied de nez littéraire aux esprits chagrins porteurs d'idées reçues sur l'émigration et l'immigration.

Conseillé par (Libraire)
17 janvier 2024

La vie est une fiction

Souvenirs, enquête, fiction. Avec ces trois façons d'écrire une vie, celle de sa grand-mère Odette, Isabelle Monnin offre une stimulante construction où personnages réel et fictif se complètent l'un l'autre. Elle engage une réflexion originale et stimulante sur qui l'on est, sur ce qu'on laisse comme trace, sur ce qui disparaît de nous, sur ce que les autres perçoivent de nos vies, sur ce qu'ils ont à en savoir ou pas, y compris et surtout dans le cercle familial et sur ce coffre-fort personnel que demeure l'intimité.

Dans les "Les gens dans l'enveloppe" (Lattès, 2015), Isabelle Monnin inventait une fiction à partir de photographies de gens qu'elle ne connaissait pas pour mener ensuite une enquête afin de retrouver ces inconnus. Se confrontaient alors dans un étonnant jeu de miroir le réel et la fiction. L'autrice inverse ici le processus autour d'Odette Froyard, sa grand-mère paternelle morte depuis une dizaine d'années et qu'elle va saisir de trois façons.
La première en convoquant ses souvenirs d'enfance. Reviennent alors des bribes qui évoquent une femme effacée derrière son époux, renvoyée à des tâches domestiques et subalternes, une grand-mère qui n'évoquait jamais son passé, comme si elle était une femme sans histoire, sans jeunesse ni adolescence, n'ayant jamais été traversée d'émotions personnelles.
Des souvenirs en trompe l'œil qui conduisent Isabelle Monnin à enquêter auprès de ses proches puis à collecter des traces dans des archives. Se dévoile alors un pan inconnue de l'histoire d'Odette et de sa fratrie, celle d'une jeunesse passée en orphelinat. Une deuxième façon qui dévoile une période douloureuse tout autant qu'elle laisse entrevoir d'heureuses amitiés percutées par l'histoire.
Mais ces souvenirs et ces archives lacunaires dressant un portrait en dentelle d'Odette, c'est par une troisième façon, celle de la fiction devenue un ultime recours, qu'Isabelle Monnin tisse une histoire possible d'Odette.

Cécile Desprairies

Seuil

19,00
Conseillé par (Libraire)
18 septembre 2023

Ma mère, collabo zélée

Tout le monde n'a pas eu la malchance d'avoir des parents collaborationnistes. Cécile Desprairies, si. Dans un texte hybride, elle fait le récit directement tiré de son histoire familiale; de sa mère et de ses proches, tous collaborateurs et pro-nazis à des degrés divers, jusque longtemps après la guerre. Un sujet pour le moins peu banal et intéressant.