Thierry L.

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Conseillé par (Libraire)
21 mars 2024

L’action se situe en 2050, donc vingt-et-un an après la révolution de 2029 au cours de laquelle on a assisté au procès de la Justice et, sur les réseaux sociaux, à un plébiscite pour l’auto-défense et la vigilance mutuelle. Cette révolution a conduit à la construction d’un quartier aseptisé, Paxton, où les habitants ont choisi d’habiter des maisons totalement transparentes afin que chacun puisse surveiller ce qui se passe dans la maison du voisin. Sécurité maximale. Zéro criminalité. Un monde parfait, à l’opposé de l’autre quartier, resté traditionnel, où les délinquants continuent à sévir.

Mais le 17 novembre 2049, une famille entière disparaît de son pavillon de Paxton, et personne n’a rien vu…

Ce roman, le troisième de la jeune et talentueuse romancière Lilia Hassaine, est une critique acerbe, et d’une redoutable efficacité, de la société vers laquelle nous tendons : étalage de la vie privée pseudo-transparence sans limite, auto-défense, intolérance, haine de la différence.

Jusqu’où les sociétés modernes sont-elles prêtes à aller au nom de cette recherche utopique d’une sécurité absolue ? Et la liberté dans tout ça, qu’en fait-on ?

Un roman qui peut s’adresser à un large public… et qui incite à la réflexion.

Conseillé par (Libraire)
29 février 2024

« Un soir d’été » : un titre tout simple. Pour une histoire toute simple. Certes triste, tragique même. Mais pas exceptionnelle. Une histoire qui est arrivée. Qui peut toujours arriver, hélas. Qui arrivera encore.

L’auteur n’en fait jamais trop : le style est simple lui aussi. Direct, humble, pourrait-on dire, à l’image des personnages : une bande de jeunes des années 80, qui passent de bonnes vacances à l’île de Ré, heureux d’être ensemble.
Mais au fil des pages, le lecteur découvre petit à petit chacun des acteurs de ce drame estival, leurs qualités, leurs excès, leurs passions, leurs contradictions, leurs failles, leurs secrets ; et s’attache insensiblement à chacun d’entre eux comme à ses propres amis, ou ses propres enfants.

Ce qui fait toute la valeur de ce livre, c’est la tendresse, l’empathie, la sensibilité à fleur de peau, mais aussi la psychologie de Philippe Besson. L’histoire est simple, mais la vie n’est jamais simple. Le rapport à l’autre n’est jamais simple.

Cette complexité, cette fragilité, cette humanité est présente à chaque page, à chaque mot de ce très joli roman.

Conseillé par (Libraire)
28 février 2024

Dans « Fugitive parce que reine », l’autrice s’attachait à nous raconter les relations tendres et brutales que sa mère écorchée vive, maniaco-dépressive, entretenait avec elle et sa sœur Elsa.

Dans ce roman, elle part, d’abord, à la recherche du passé de son père, Denis, dont elle a accompagné les derniers jours, en 2021. Un personnage brillant, hâbleur, séducteur, excessif en tout. Enseignant, homme d’affaire, fondateur de plusieurs écoles supérieures, c’est un être qui, en même temps, fascine et agace. Et c’est bien d’une relation à la « Je t’aime moi non plus » dont nous parle Violaine Huisman, avec élégance et finesse.

Mais, très vite, le personnage central de ce roman s’impose : c’est Georges, le grand-père. Agrégé d’histoire et géographie, diplômé de l’Ecole des Chartes, il embrasse une brillante carrière de haut-fonctionnaire qui le conduira au poste de secrétaire général de l’Elysée sous la présidence de Paul Doumer. Pourtant, cette vie au service de la France n’empêchera pas ce juif, revendiqué athée, d’échapper à l’inimaginable tourmente qui va s’abattre sur la France en 1940. Arrêté par les allemands en 1942, il échappera de peu à la déportation grâce à Roland Dorgelès.

Quand sa petite-fille naît en 1979, Georges n’est déjà plus de ce monde depuis vingt-deux ans. Et c’est pourtant avec une grande tendresse, mêlée de respect, qu’elle parle de son grand-père dans cet ouvrage qui nous replonge, par le biais d’une histoire familiale singulière, dans l’Histoire, avec un grand H, de ce tumultueux XXe siècle.

20,00
Conseillé par (Libraire)
17 février 2024

Ce livre est écrit quarante ans après le début du calvaire, vingt ans après la condamnation du coupable, et c’est sa force.

Car il est écrit à froid. Sans passion. Avec distanciation. Avec recul. Il ne raconte pas, il exprime. Du moins tente-t-il d’exprimer l’inexprimable.

C’est pourquoi il nous touche d’autant plus profondément quand il nous parle d'un mal inextinguible. D'une blessure qui ne peut guérir. Même l’écriture n’y peut rien.

Il nous parle aussi de l’incompréhension. De l’incompréhension des autres vis-à-vis de la victime, y compris de sa propre mère. Mais aussi de l’incompréhension de la victime vis-à-vis du monde qui l’entoure.

Pourquoi ? Pourquoi moi ? s’interroge l’autrice à propos des violences sexuelles qu’elle a subies. Mais elle s’interroge aussi à propos du coupable : pourquoi a-t-il choisi d’avouer, alors que nier les faits lui aurait permis d’échapper à toute condamnation ? Comment peut-il, après voir purgé sa peine, reconstruire une nouvelle vie de famille comme si de rien n’était ? Et comment une femme peut-elle accepter d’avoir des enfants avec un homme condamné pour le viol d’une enfant ?

Bizarre… Ce mot revient souvent sous la plume de l’autrice. Un mot qui dérange, qui désarçonne, qui inquiète, qui perturbe.

C’est un livre triste, comme le tigre du titre. Mais poignant.

Scientisme, système technicien et capitalisme vert

Arthur GUERBER

Acl

18,00
Conseillé par (Libraire)
17 février 2024

Cet ouvrage ambitieux (mais néanmoins facile à lire) s’emploie d’abord à analyser ce qui, depuis la nuit des temps, a contribué à construire progressivement la notion de « progrès », pour aboutir à l’avènement de la société actuelle, qui érige en dogme, non pas la démarche scientifique, fondée par essence sur le doute, mais plutôt les connaissances scientifiques acquises à ce jour, qui charrient pourtant avec elles le poids de tous les déterminismes qui ont permis d’y parvenir et qui continuent perpétuellement à orienter le domaine de la recherche.

Il montre combien, à partir du XIXe siècle, le capitalisme va devenir le moteur de ce progrès technologique érigé en mythe rédempteur, et comment il agit, aujourd’hui, sur l’ensemble des forces en présence, y compris, sur l’action des organisations non gouvernementales censées s’opposer aux excès du système, comme le WWF ou Greenpeace ; y compris, aussi, sur les principaux courants écologistes majoritaires.

Certes, ce livre foisonnant et iconoclaste suscite plus de questions qu’il n’apporte de réponses. Mais par la pertinence de son propos et le souffle libertaire qui l’anime, il ne peut que susciter une forte remise en cause de nos certitudes individuelles et collectives.