• Conseillé par
    23 mars 2021

    Jacques Prévert (1900-1977), on apprend ses poésies à l'école, on regarde les films qu'il a scénarisés. Mais le connaît-on si bien que cela ? Hervé Bourhis et Christian Cailleaux évoquent son existence en bande dessinée.

    A l'origine, en trois volumes, mais aussi en une intégrale présentée ici. Prévert fut un libertaire, un homme aux réparties cinglantes toujours drôles, avec un sens de la formule indéniable, fidèle en amitié... Comme beaucoup, il galéra avant d'être reconnu.

    L'album lui fait dire des choses incroyables, des vacheries bien senties ainsi que des fulgurances qu'il grava ensuite dans certaines de ses chansons ou certains dialogues de films : "T'as de beaux yeux tu sais", "Moi, j'ai dit bizarre, bizarre ? Comme c'est étrange ! Pourquoi aurais-je dit : bizarre, bizarre !" Il avait un langage bien à lui, de la désinvolture face aux coups durs. Tout est évoqué : son adhésion aux thèses communistes, son goût pour la bonne chère et le bon alcool, la cigarette, les femmes de sa vie et surtout les copains.

    La BD montre tout cela et le dessin le surligne tant il est libre, s'affranchit des codes du genre, pas de cases, des couleurs très variées. L'album est très beau et même si j'ai décroché parfois, jamais je n'ai eu envie de ne pas le finir. Je l'ai même repris pour n'en rien rater. Et tous les gens du cinéma d'il y a un siècle que l'on croise... et des écrivains, et des poètes, des peintres... tout le Paris artistique de 1920 à 1970.