Le Petit Fiancé, Récits du ghetto de New York
EAN13
9782889279555
Éditeur
Zoé
Date de publication
Collection
Les Classiques du monde
Langue
français
Langue d'origine
anglais
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Le Petit Fiancé

Récits du ghetto de New York

Zoé

Les Classiques du monde

Indisponible

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Les fictions d’Abraham Cahan n’ont jamais été traduites en français. Aux
États-Unis, elles ont fait l’objet de deux adaptations cinématographiques
(Yekl, et The Imported Bridegroom). Les traduire et les présenter au lectorat
français dans la collection des Classiques du Monde aux éditions Zoé
s’imposent aujourd’hui comme une évidence. Jusqu’à présent connues surtout des
juifs new-yorkais originaires d’Europe centrale, elles peuvent avoir une
audience bien plus large, car si leur contexte est celui des immigrations de
la fin du 19e siècle, si les cultures d’arrivée et de départ ne sont pas
celles des grandes migrations contemporaines, les questions humaines et
sociales qu’elles posent restent les mêmes, porteuses des mêmes drames et des
mêmes déchirements. Les situations mises en scène nous sont étrangement
familières. Au-delà de leur forte résonance sociétale, ces nouvelles
constituent un apport unique dans la connaissance historique de cette
immigration. Vilnius, dont était originaire Abraham Cahan, était le plus grand
centre d’études talmudiques d’Europe et les juifs qui arrivaient à New York
étaient pétris de cette éducation hautement lettrée. Le « ghetto » de New York
était donc une réplique nord-américaine de ce monde européen, un ilot russo-
juif en face de Manhattan, de l’autre côté du Brooklyn Bridge, où l’on parle
yiddish, où l’on mange de la carpe farcie, où l’on continue d’étudier le
talmud, mais où l’on rêve aussi de devenir new-yorkais. Autrement dit, d’un
côté du pont, on est un juif d’Europe centrale, de l’autre on s’efforce d’être
un Américain, d'un côté immigrant, de l'autre émigré, d'un côté la nostalgie,
de l'autre un miroir aux alouettes. Et l’auteur excelle à décrire ces
postures, ces dilemmes, ces consciences déchirées, ces langues et ces cultures
mêlées, aux accents new-yorkais, yiddish, « petit-russien ». Son écriture est
d’une grande précision, les détails sont nombreux, illustrant à merveille ce
microcosme fourmillant, ces bruits de l’activité humaine, ces musiques et ces
chants. C’est là une des grandes qualités de ce texte, d’un naturalisme mâtiné
d’ironie, laquelle pourrait passer pour cruelle si elle n’émanait pas de l’un
de ces immigrés. Il fallait pour traduire ces nouvelles une traductrice qui
connaisse l’anglais comme le yiddish, New York comme l’Europe centrale. Un nom
s’est imposé, Isabelle Rozenbaumas. Le petit fiancé Flora est une jeune
Américaine issue d'une famille juive d'Europe de l'Est. Son rêve le plus cher
est d'épouser un médecin qui ferait d'elle une vraie New-yorkaise. Mais son
père a d'autres plans pour sa fille et pour lui-même. Rongé de doutes à l'idée
qu'en immigrant il ait pu perdre son âme, il retourne en Russie, dans sa
province natale, pour trouver à sa fille le mari qui les rachèterait tous. De
fait, il revient à New York avec Shaya, le fils d'un rabin, un jeune homme
studieux, d'une grande érudition talmudique. Mais Flora est intraitable,
jamais elle n'épousera cet immigré russe, si peu conforme à ses rêves. Le père
s'en fait une raison. S'il n'a pas gagné un gendre, il a gagné un fils qui
prie et étudie le Talmud avec lui. Même Flora finit par le traiter comme son
frère, et ce faisant le détourne de la synagogue pour les bibliothèques
fréquentées par la jeunesse new-yorkaise. Peu à peu les jeunes gens
s'éprennent l'un de l'autre, jusqu'à ce que Shaya grisé par l'émulation
intellectuelle des cercles qu'ils fréquentent se détourne des rêves bourgeois
de Flora, devenant bien plus new-yorkais qu'elle ne l'aurait souhaité.
Circonstances Dans cette nouvelle, un jeune couple d'immigrés juifs de Russie
tente de survivre à New York. Lui rêve de reprendre ses études. Au lieu de
cela, il s'épuise dans une fabrique de boutons de nacre à gagner un salaire de
misère tout juste bon à payer leur loyer. Le soir, il sombre sans trouver la
force d'étudier. Pour s'en sortir, il convainc sa jeune épouse, au départ
hostile, de sous-louer leur salon à un jeune étudiant en médecine, brillant et
raffiné. Le couple ne survivra pas, on s'en doute, à cette cohabitation.
L’auteur de ces nouvelles, Abraham Cahan, est un célèbre rédacteur en chef et
homme politique juif américain, né en Lituanie en 1860. Petit-fils de rabbin,
fils d’un professeur d’hébreu et d’études talmudiques, il grandit, comme
nombre de juifs lituaniens, dans un milieu à la fois intellectuellement très
exigeant et centré sur l’étude des textes religieux. Très jeune, il est attiré
par des études plus profanes, en particulier de la langue russe. Pendant qu’il
se forme au professorat, il participe aux mouvements révolutionnaires
radicaux, si bien qu’en 1882, à l’âge de 22 ans, il doit fuir vers les États-
Unis, et plus précisément à New York où il vivra jusqu’ à sa mort en 1951. Dès
son arrivée à New York il écrit des articles pour différents journaux et, en
1897, participe à la création du fameux Jewish Daily Forward, ultérieurement
connu sous le nom de The Forward, quotidien d’information engagé en langue
yiddish qu’il dirigera jusqu’en 1946. Il n’est donc pas surprenant que son
œuvre fictionnelle, écrite en langue anglaise, prenne souvent pour cadre le «
ghetto » juif de New York, dont il fut un des principaux observateurs pendant
un demi-siècle, et pour motif principal les processus d’immigration.
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