«J'aime les viandes juteuses, les eaux profondes, les styles où l'on en a plein la bouche, les pensées où l'on s'égare. La vie ! la vie ! bander, tout est là ! C'est pour cela que j'aime tant le lyrisme.» La vie de Gustave Flaubert (1821-1880) est l'histoire d'une obsession et d'un sacrifice : écrire. Peu d'artistes se confondent avec leur œuvre à un point tel que leur existence semble s'effacer derrière la tâche à accomplir. Les 58 années que Flaubert passa sur cette terre n'ont rien de très romanesques : quelques voyages, des amours interrompues, peu d'intrigues carriéristes, aucun engagement politique sinon quelques coups de gueule antirévolutionnaires ou anticommunards, qu'un jugement rapide pourrait faire passer pour réactionnaires. Et pourtant cette vie est une aventure prodigieuse, celle d'une conscience toute entière tournée vers l'œuvre à faire et la conquête de soi. Le mystère, peut-être, est que cette vie, comme l'écrivait Sartre, «si plate, si terne, où les phrases sont des aventures», puisse susciter une telle fascination, et que cette expérience, pour l'essentiel, intérieure, prenne si souvent l'allure d'un combat épique.
«J'aime les viandes juteuses, les eaux profondes, les styles où l'on en a plein la bouche, les pensées où l'on s'égare. La vie ! la vie ! bander, tout est là ! C'est pour cela que j'aime tant le lyrisme.» La vie de Gustave Flaubert (1821-1880) est l'histoire d'une obsession et d'un sacrifice : écrire.