Thierry L.

https://www.librairie-sainte-hortense.fr

20,90
Conseillé par (Libraire)
6 mars 2022

Les ailes collées

Il y a un côté pointilliste, dans le style de l’autrice. Les courtes phrases, insérées dans de courts chapitres, font penser aux petites touches de couleur d’un Paul Signac, qui, juxtaposées les unes aux autres, laissent apparaître avec force, mais délicatesse, les ombres et les lumières. Celles de la Bretagne. Si changeantes. Comme la vie de Paul, qui oscille entre noirceur et incandescence.

« Les Ailes Collées », c’est l’histoire d’une passion dévorante, magnifique, interdite. C’est une histoire de violence et d’intolérance. C’est une histoire qui dérange, qui dénonce, qui emporte le lecteur dans un tourbillon de joies et de douleurs, d’émotions et de sensualité.

Après « la Dérobée » et « Les Corps Conjugaux », que nous avions déjà beaucoup aimés, Sophie de Baere signe, à nouveau, un roman d’une grande force, intense, pertinent, passionné et passionnant.

Conseillé par (Libraire)
6 mars 2022

La plus secrète mémoire des hommes

Ce roman est d’abord un livre au sujet d’un livre : “Le labyrinthe de l’Inhumain”. Mais c’est aussi lui-même un labyrinthe dans lequel l’auteur emmène son lecteur qui devra, certes, faire des efforts pour ne pas s’y perdre. Durant quatre-cent-cinquante pages, Diegane, le jeune écrivain sénégalais, part à la recherche de cet auteur mystérieux qui a écrit, soixante-dix ans plus tôt, un roman qui défraya la chronique, avant de retomber dans l’anonymat.

Au travers des rencontres et des récits qui révèlent petit à petit des vérités subjectives, sans doute déformées par le prisme de celles et ceux qui les relatent, Mohamed MBougar Sarr distille sa vision sur le monde et ses failles : l’ineffaçable différence que constitue la couleur de la peau, les drames de la colonisation ; sur la création littéraire, aussi : la question du rôle de la littérature est sans cesse au cœur du récit. Mais le sujet central du livre est, comme l’annonce le titre, le temps. Le temps qui passe, le temps qui efface, le temps qui déforme, puis le temps qui revient, le temps de l’éternité. Page 451 : « Le passé a du temps ; il attend toujours avec patience au carrefour de l’avenir ».

C’est un roman philosophique ambitieux, complexe et exigeant que l’Académie Goncourt a choisi de récompenser en 2021. D’une étonnante maîtrise de la part d’un jeune auteur qui n’est encore qu’au début de son œuvre, ce livre a toutes les qualités pour rejoindre les classiques dans les rayonnages des bibliothèques de demain.

Éditions de l'Observatoire

20,00
Conseillé par (Libraire)
11 décembre 2021

La possiblité du jour

La possibilité du jour
Emilie Houssa
Ed. L’observatoire

En 1947, Aurore, tombée amoureuse un peu plus tôt de Martin, un beau G.I., décide de quitter Nice et ses proches pour le rejoindre de l’autre côté de l’Atlantique. Mais le rêve américain s’écroule quand elle découvre, à son arrivée, que Martin est parti vers d’autres horizons.

Pourtant, elle décide de rester aux Etats-Unis. Seule, ballotée par les hasards de la vie, elle va peu à peu s’y reconstruire, et reconstruire une sorte de famille, à sa manière…

Emilie Houssa, dans un style narratif d’une beauté digne d’une grande auteure, raconte sans jamais citer, sans jamais céder à la tentation du dialogue. Dès les premières lignes, la langue ciselée et fluide de la romancière entraîne le lecteur, derrière son héroïne, dans une épopée captivante, en nous racontant avec subtilité l’intimité de personnages emportés par les tourments de la grande Histoire et les aléas des aventures individuelles.

Thierry LIMON DUPARCMEUR

Jérôme Attal

Les Pérégrines

12,00
Conseillé par (Libraire)
6 novembre 2021

Cet essai de Jérôme Attal, c’est… comment dire ? une salutaire respiration poétique, une délicieuse friandise littéraire. Sa lecture vous procurera un vrai moment de détente et de plaisir. Le meilleur remède à la dépression post-covid !

Pour nous parler du baiser, Jérôme Attal oscille avec élégance et habileté entre la mémoire intime et la mémoire collective. Dans sa mémoire intime, il y a le fil de sa propre vie parsemée des souvenirs de baisers tendres, volés ou clandestins, mais aussi des regrets de baisers manqués. Dans la mémoire collective, il y a les premiers émois de Sophie Marceau dans la boum, le baiser que le petit Marcel Proust n’ose pas demander le soir à sa mère avant de dormir, ou la plus célèbre photo de Doisneau.

A grignoter par petites touches. Dans l’ordre ou dans le désordre. Lisez, sanglotez, relisez, riez… et embrassez qui vous voudrez.

Presses universitaires de France

19,00
Conseillé par (Libraire)
27 octobre 2021

Prenez le temps de défragmenter...

De nombreux penseurs des XIXe et XXe siècles prédisaient, assez logiquement, que l’évolution rapide des technologies émergentes permettraient aux individus de libérer un temps libre propice aux loisirs et à la réflexion. Mais aussi que ces nouvelles technologies, favorisant une diffusion plus libre et plus rapide de l’information, seraient des outils de nature à accroître nos connaissances et notre liberté.

En réalité, Gérald Bronner nous démontre avec brio, dans les presque 400 pages de cet essai très facile à lire, et pourtant d’une densité et d’une pertinence remarquables, qu’il n’en est rien.

Que le déferlement d’informations dérégulées qui nous submerge, notamment depuis les années 2000, occupe l’essentiel des capacités de notre cerveau, qui peine à hiérarchiser ces données, à les trier, à distinguer le vrai du faux, l’important du futile.

Pourtant, nous précise l’auteur, l’« apocalypse » du titre n’est pas à prendre au sens de « fin du monde » qu’on lui attribue couramment, mais au sens étymologique de « révélation », de dévoilement d’une vérité cachée (en grec : apocalypsis)

Ce livre, qualifié par certains de pessimiste, ne l’est donc pas réellement. Inquiétant, sans doute. Réaliste, sûrement. En tous les cas, dans ce monde virtuel qui nous entoure et nous déstabilise, il contribuera, à n’en pas douter, à « défragmenter » utilement notre cerveau, pour un retour salutaire à davantage de rationalisme.